Gilbert Serret, assassiné le 29 juin 1943 à l’âge de 40 ans, et France Derrouret-Serret, sa compagne – et mère de leur fils René, mort d’une méningite à 5 ans en 1934 – furent des militants syndicalistes, révolutionnaires, pédagogiques, ardéchois, d’un rayonnement nullement médiatique, mais bien national et même international, dans la première partie du tragique XX° siècle.
Parce qu’il fut une cheville ouvrière de la résistance au stalinisme d’une génération d’instituteurs communistes et syndicalistes, Gilbert Serret a été « oublié » dans les mémoires officielles pendant des décennies, et avec lui son inspirateur et ami Elie Reynier, professeur à l’École Normale de Privas, qui fut par ailleurs décisif dans la formation politique et intellectuelle de l’historien Pierre Broué. Gilbert Serret et Elie Reynier furent les constructeurs du syndicalisme pas seulement enseignant, mais ouvrier, dans l’Ardèche et la vallée du Rhône.
Le rétablissement de la vraie mémoire populaire prend souvent du temps. J’y ai contribué, avec l’aide déterminante de ma mère, Marguerite Chasson-Présumey, et de l’ami Fabien Gallet, par la rédaction du numéro spécial consacré à Gilbert Serret par l’excellente revue locale Mémoires d’Ardèche et Temps Présent, en 2014, qui permit de présenter à un public local et d’ailleurs la figure des Serret, de faire redécouvrir qu’il était en relation avec Léon Trotsky ou avec Simone Weil, qu’ils faisaient l’école avec passion tout en parcourant la nature, les animaux des fourrés et des marais pour Gilbert, les fleurs pour France.
Examinant les correspondances des Serret, nous sommes parvenus à la conclusion que ses assassins étaient des policiers de Vichy ou de la Milice, plutôt que des agents staliniens comme la question pouvait légitimement se poser (et comme l’avait pensé mon propre grand-père, ami, collègue, camarade, et compagnon de pèche, de Gilbert, mais tel n’était pas l’avis de France). Le milieu populaire communiste local, comme les socialistes, comme tous les syndicalistes, et les anars aussi, et comme de nombreux paysans, élèves et anciens élèves, ont pleuré Gilbert quand il était minuit dans le siècle.
Nul doute que les forces de la réaction avaient visé juste en l’assommant et en le noyant, comme elles ont visé juste contre Jaurès, Rosa Luxemburg où Léon Trotsky. Mais là, elles avaient tué un potentiel, qui a manqué au mouvement ouvrier en France, sans qu’il le sache.
Cette publication de 2014 avait donc été l’amorce de la réappropriation de la mémoire des Serret et des instituteurs ardéchois syndicalistes et révolutionnaires (pas tous « syndicalistes révolutionnaires », il y avait des nuances !), le commencement de la vengeance de l’histoire, ou disons de la justice de l’histoire, qui, comme on sait, est plus forte que tous les secrétaires généraux.
Et puis la figure de la justice de l’histoire est arrivée, en la personne de l’irremplaçable Léo Genébrier, jeune organisateur inlassable des luttes locales dans le bassin d’Aubenas, venu du bassin ouvrier, immigré et populaire de Saint-Etienne où Gilbert était passé dans son adolescence. C’est par lui, allant puiser informations et anecdotes chargées de sens chez Fabien Gallet, que l’union locale CGT d’Aubenas et l’Union départementale, et la FSU avec elles, ont perçu cette étincelle qui fut leur origine, et ont décidé d’assumer et de célébrer la mémoire des Serret. Le colloque du Teil sera donc une « journée populaire », au plein sens du terme, qu’on se le dise ! – Vincent Présumey.
- 10h : Visite commentée de la Cité Blanche, la cité ouvrière des cimenteries Lafarge.
- 14h : Colloque (salle du stade)
- Première partie : – France et Gilbert Serret : un syndicalisme pour changer le monde, en prise avec son époque et ancré en Ardèche : Avec Thierry Flammant, Loïc Le Bars et Vincent Présumey.
- Deuxième partie : les Serret : Syndicalisme d’avant-garde, pédagogie d’avant-garde ? Avec Marc Zanoni (FSU), L’Occitan à l’école ? Avec Denis Capian (IEO 07), Gilbert, un homme du calcaire. Avec Fabien Gallet, France, rouge pivoine. Avec Yves Limousin (FSU).
- 18h : Réunion publique – France et Gilbert Serret, pédagogues ardéchois, syndicalistes et révolutionnaires. Avec Vincent Présumey
- 19h30 : Buvette et petite restauration assurées par l’UL-CGT du Teil.
- Toute la journée : stands et librairie.

Je trouve regrettable qu’il ne soit pas fait mention du frère de Gilbert, Aimé Serret, enseignant pédagogue et syndicaliste lui aussi en Ardèche!
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Mon père était un classard et grand ami d’Aimé Serret, frère cadet de de Gilbert Serret….Tout comme Gilbert ( et mon père!) il fut membre de PCF, mais ne rompit pas comme Gilbert avec lui au tout début des années 1930… Aimé s’occupa des amis de l’URSS et fut un militant « classique » du PCF……Gilbert fut responsable natioal de la Fédération Unitaire de l’enseignement au seins de la CGT-U, il participa très activement à la vie syndicale et sociale de l’Ardèche et bien au delà. Le colloque qui vient d’avoir lieu au Teil ( un succès militant-100 participants-et qui fut une initiative marquante) était consacré aux Serret , Gilbert et France, mais n’était pas une chronique familiale e des Serret même si sa famille (Aîmé compris) a été citée….. L’assassinat de Gilbert fut un coup, pour la relève de ce courant syndicaliste, dans lequels beaucoup se reconnaissent encore….
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