Au moment même où Macron surfait sur les pires fantasmes sexualo-raciaux d’extrême-droite en appelant à combattre « l’immigrationnisme »  du Front populaire et en prétendant qu’on va « changer de sexe en mairie », l’appareil judiciaire de la V° République organisait, en Kanaky la vengeance de l’Etat et des colons obligés de reculer sur la réforme électorale par ce qui doit être qualifié de soulèvement national.

Le militant indépendantiste kanak Christian Tein, responsable de la CCAT (Cellule de Coordination des Actions de Terrain), a été non seulement arrêté, pour « criminalité organisée » et « association de malfaiteurs », mais immédiatement déporté dans une prison française, à Mulhouse. De même, Brenda Wanabo, chargée de la communication du CCAT, a été déportée dans une cellule à Dijon, immédiatement séparée de ses enfants dont le plus jeune a 4 ans. Et Frédérique Muliava, directrice de cabinet de la présidence du Congrès de Nouvelle-Calédonie, a été déportée dans une cellule à Riom. A ce groupe dirigeant, de deux femmes et d’un homme, s’ajoutent 8 autres arrestations.

Les mots sont importants. Pour l’appareil d’Etat de la V° République, ce sont des malfaiteurs, des émeutiers, des sauvages. En réalité, le CCAT a tenté de coordonner une explosion spontanée et de calmer les émeutes effectives tout en les dirigeant contre l’Etat, alors même que les milices coloniales et les hommes en armes envoyés de France ont commis de nombreuses exactions. Répétons-le, ce qui s’est passé en Kanaky est un soulèvement national, celui de la nation kanake voyant venir sa submersion organisée. Et sa perspective politique est l’indépendance, avec la reconnaissance des droits et libertés pour tous les habitants du pays quelle que soit leur origine, avec restitution des terres et reconnaissance des droits kanaks.

Les mots sont importants : nous écrivons déportation en « métropole », plus exactement dans cet autre pays que le leur, qu’est la France, exactement comme Messali Hadj et des centaines de combattants anticoloniaux ont été déportés au cour de l’histoire des luttes de libération.

En l’occurrence, il s’agit pour l’Etat de venger la défaite que le soulèvement national, dont le CCAT a été l’organe, lui a infligé, et de contre-attaquer.

Cette contre-attaque intervient au moment précis où Macron désigne le Front populaire comme ennemi n°1 après avoir par la dissolution et les élections accélérées offert les portes du pouvoir exécutif au RN. Il est donc en train, potentiellement, de livrer au RN et aux secteurs le plus réactionnaires de la magistrature le groupe des militants incarnant légitimement le soulèvement national kanak de 2024.

Exigeons la libération inconditionnelle et le retour dans leur pays de Christian Tein et de tous ses camarades ! Que le Front populaire et toutes ses composantes se prononcent au plus vite !

Christian Tein, head of the CCAT (Cellule de Coordination des Actions de Terrain), attends the first general assembly of the organisation held at the Azareu tribe in Bourail, France’s Pacific territory of New Caledonia on June 14, 2024. (Photo by Delphine MAYEUR / AFP)