Le programme du Front populaire.
Ce vendredi 14 juin le « programme du Front populaire » est sorti. Disons clairement que ce n’était pas en raison de son éventuel programme que, de toute façon, l’unité s’est imposée. Mais la pression unitaire a eu quelques effets positifs sur celui-ci.
D’une part, dans les mesures immédiates, figurent les trois abrogations : loi Macron contre les retraites, réforme de l’Assurance chômage, et « choc des savoirs » à l’école.
D’autre part, le passage sur l’Ukraine comporte l’affirmation du droit du peuple ukrainien à se défendre pour libérer la totalité du territoire, la nécessité de l’aide militaire et l’abrogation de la dette extérieure de l’Etat ukrainien. C’est une défaite politique des poutiniens dont le grand parti français est le RN. Et c’est aussi le résultat, indirect mais indéniable, de la pression unitaire d’en bas.
Remarques sur les candidates et candidats désignés.
La rapidité des dépôts de candidatures, résultant de la décision antidémocratique de Macron d’élections précipitées, pouvait expliquer que les candidates et candidats Front populaire sortants, ou étant arrivés au second tour ou en tête de la gauche en 2022, soient considérés tacitement comme a priori légitimes, sauf cas particuliers.
Toutefois, des assemblées populaires et une concertation locale sérieuse auraient pu, rapidement, se dérouler : seule la volonté des 4 appareils nationaux, déjà secoués par la contrainte à s’unir, de ne pas lâcher leurs prérogatives, explique qu’il n’en ait en règle générale pas été ainsi. Les candidatures correspondent parfois à ce qui serait sorti d’une concertation locale sérieuse, d’autres fois un peu moins.
On a deux types de situations problématiques politiquement.
D’une part, des candidats dits d’ouverture au centre, alors que le Front populaire n°2 ne comporte pas de “parti radical” (celui-ci avait été rajouté fin 1934 et sur demande de Moscou à l’unité réalisée suite au12 février 1934), mais on en a là des amorces : le cas avéré (il faut voir s’il y en a d’autres) est celui d’Aurélien Rousseau, ministre de la Santé de Macron pendant le Covid, puis directeur de cabinet de Matignon sous E. Borne, démissionnaire lors de la loi Immigration, validé comme candidat sur le quota PS/Place publique dans les Yvelines.
On peut toujours dire « oui mais justement il a démissionné », mais il s’agit là d’une orientation politique, celle de candidatures bourgeoises/centristes et d’ouverture sur le flanc droit.
D’autre part, la direction de LFI a procédé à des mesures internes au mépris des électeurs et des intérêts de la victoire contre le RN et Macron. Les cadres de la première équipe parlementaire de LFI de 2017 sont purgés alors que ce sont des députés sortants : Corbières, Garrido, Simonet non investis, excusez du peu ! Il s’agit d’un déni de démocratie envers leurs propres électeurs.
Et symétriquement, la candidature d’Adrien Quatennens imposée dans un arrangement douteux où il n’aurait pas le label FP mais personne en dehors de lui : qu’est-ce que c’est que cette embrouille ?
On notera la réaction virulente et justifiée de François Ruffin, réagissant à un appel local de LFI à voter pour lui en disant en gros ne pas vouloir du soutien de ceux qui font des purges insensées et gardent un auteur de violences conjugales
N’oublions pas Jérôme Legavre, certes sortant, mais sortant problématique : ce dirigeant du POI a été l’initiateur de l’appel aux députés à boycotter la visite de Zelenski, le vendredi d’avant le scrutin européen, par une déclaration mensongère sur la situation ukrainienne et renvoyant dos-à-dos Zelenski et Poutine. Son maintien affirme la volonté maintenue de faire la guerre au peuple ukrainien et au droit des peuples, au service de l’ordre impérialiste multipolaire, à l’encontre du programme signé vendredi par LFI.
Mon commentaire car trop nul je n’arrive pas a le mettre en commentaire …
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on peut d’ailleurs se demander comment un tel individu peut se présenter au nom du NFP au vu du codicille programmatique extrêmement positif concernant l’Ukraine, lequel est en totale contradiction avec ce que dit et fait le POI. Mais c’est bien connu, Paris vaut bien une messe et le programme n’engage que ceux qui y croit…
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Les purges sont toujours contestables même si en comprendre certains ressorts peut aider à les expliquer.
Alexis Corbière, Raquel Garrido et Danièle Simonnet, garde rapprochée de JLM dès l’origine de LFI en 2016 ont en commun d’être des spécialistes en communication. En compagnie de François Ruffin et de Clémentine Autin ils réfléchissaient à haute voix sur l’avenir de LFI, et plus justement sur l’après Mélenchon. Il n’y eut pas plus de mal à ça s’il ne c’était agit que du remplacement du chef vieillissant, mais l’enjeu de leur éviction est ailleurs, et vise deux axes stratégiques.
L’investiture de Céline Verzeletti à la place de Mme Simonnet sert la stratégie stucturelle de LFI en ce qu’elle permet une influence indirecte sur le PCF, parti qui vient de confirmer son déclin aux européennes. Issue du PCF et pillier de la CGT, Mme Verzeletti ne cachait pas sa proximité avec LFI. Elle fut par ailleurs pressentie par les militants pour succéder à Martinez au 53 ème congrès confédéral en mars 2023 alors que la dauphine était Marie Buisson, on connaît la suite.
Les investitures de Aly Diouara et de Sabrina Ali Benali à la place de Mme Garrido et de M Corbière relève du second axe stratégique et pas du moindre. Il s’agit de deux personnes racisées militant chacune à leur niveau respectif. Pour le premier dans le milieu associatif et local dans le but de remettre la vie politique dans les mains des habitants de son département de Seine-Saint-Denis (et non sans succès). Et pour la seconde dans la défense du service public de la santé en tant que médecin engagé. En somme deux militants de terrain.
À L’encontre de la stratégie de Ruffin qui veut ramener à gauche les électeurs blancs du RN en les rendant moins fâchés et moins fachos, l’objectif humaniste de LFI est de rendre aux français issus de décolonisations, de l’immigration, etc, le statut de citoyen à part entière auquel ils sont fondés constitutionnellement à prétendre. Le français d’origine étrangère, même ultramarine, n’est plus le « pote » des socialistes des années 80 à qui on ne « touche pas », Ruffin devrait le savoir, quand bien même il n’est pas un militant antiraciste de la première heure.
Bernard Rosset. Retraité CGT PTT 73
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Les Français issus de l’étranger ont bon dos, LFI les traitent comme leurs grands-parents enrégimentés dans des guerres qu’ils n’avaient pas choisies. C’était au temps de la Coloniale ! Mais cette fois-ci, c’est pour la grandeur de la France réduite à la grandeur du Chef !
Mauvaise blague mise à part, si ce n’était qu’un choix de stratégie électorale, alors pourquoi ne pas en avoir discuter ouvertement et publiquement au sein de LFI, sinon au sein du groupe parlementaire ? Pourquoi ne pas avoir prévenu les intéressés ? Pourquoi cette décision prise de façon brutale en petit comité restreint au seul cénacle autour du Chef ? Drôle de stratégie collective que celle qui sort du chapeau du Chef dans les cinq dernières minutes.
Ces méthodes de fonctionnement sont pires que celles du temps du stalinisme où malgré tout, le PCF avait des statuts formellement démocratiques, avec un congrès composé des délégués élus en cellules ou en sections, avec un comité central élu en congrès, un BP élu au CC, et des décisions prises dans le cadre d’instances formelles d’un parti avec ses règles établies. Et même une tribune de discussion dans l’Huma !
Certes, ce n’était pas idyllique car l’appareil tenait bien les choses mais il y avait un cadre qui n’existe même pas dans LFI, mouvement « gazeux » oblige !
Ou alors, au-delà de séduire les électeurs « racisés » de banlieue, s’agit-il de séduire les nostalgiques du PCF d’avant la Chute du Mur, en leur indiquant que là, ils trouveront un Chef comme Thorez, comme Duclos, comme Marchais, qui sait se faire obéir au doigt et à l’œil ?
Quant à la segmentation des électorats, en attribuant une part de marché « blanche » à Ruffin, outre l’aspect calomniateur envers ce dernier qui, se faisant, ignorerait les « racisés », c’est faire fi que le FN/RN est tout autant capable d’enrôler des électeurs « racisés » désespérés, atomisés, déboussolés, séduits par les mêmes éléments idéologiques que leurs voisins immédiats « blancs » dans la France péri-urbaine et rurale.
Au moins, cette contribution de ce lecteur nous confirme qu’on peut transplanter les méthodes du stalinisme basées sur la justification de l’injustifiable pour les mettre au service du national-populisme et du bonapartisme du candidat au poste de « dernier président de la 5eme ».
Audey
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