A l’heure où sont écrites ces quelques lignes, la jeunesse manifeste à nouveau à Moscou, à Saint-Pétersbourg, et dans des dizaines de villes russes, en réaction à la tentative forcenée de Poutine de relancer et d’aggraver sa guerre de destruction de la nation ukrainienne et de mise au pas de la Russie et de la Biélorussie.

A Moscou, il y avait 989 arrestations à 22h (heure française). La police a tiré et tué au moins une jeune femme. Les femmes et les jeunes filles sont très présentes dans les manifestations qui résonnent de leurs voix. Le Réseau Féministe Antiguerre de Russie a appelé à manifester immédiatement après le discours de Poutine. En Tchétchénie, les femmes manifestent aussi contre l’enrôlement forcé des hommes.

Les femmes : en Iran (voir l’article d’Hélène), c’est l’explosion, les affrontements à Téhéran, des dizaines de milliers et bientôt des centaines de milliers de femmes jetant, détruisant, déchirant, le carcan de l’oppression, le drapeau vivant de la contre-révolution : le voile islamique. Annonçant, recherchant, la chute du régime.

Et aussi, disons-le, aux États-Unis, c’est l’indignation des femmes causée par la mise en cause de leur droit à disposer d’elles-mêmes par la Cour suprême, qui, combinée aux grèves et au dégoût envers l’aliénation et l’exploitation du travail (appelé par les sociologues la « grande démission »), qui peut défaire les trumpistes et les Républicains, sans donner aucun gage de confiance aux Démocrates, dans les prochaines élections « mid-terms » du 8 novembre prochain. Et avant elles, ce sont les brésiliennes qui peuvent apporter le coup décisif contre Bolsonaro le 2 octobre.

Les femmes aux avant-postes du combat pour la démocratie et les droits, pour la défense d’un monde humain habitable, aux avant-postes de la révolution. C’est là un signe. Et rendons hommage à celles qui ont ouvert les développements les plus récents : les quelques 5000 femmes combattantes de l’armée ukrainienne, de la Défense territoriale et de la Légion internationale qui ont participé à l’enfoncement des troupes russes dans la région de Balakleya, Koupiansk et Izium en Ukraine, progressant maintenant entre Liman et Severodonetzk. C’est cette déroute de l’armée impérialiste de Poutine qui a ouvert la crise.

La débâcle subie par les troupes russes a été causée par la résistance populaire, armée et non armée, ukrainienne. Pas par l’OTAN. L’onde de choc de l’affaiblissement de la Russie en tant que gardien régional de l’ordre a ouvert des brèches dans toute l’ancienne zone soviétique : attaque de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie et incapacité de la Russie à stabiliser la situation, permettant aux États-Unis de se poser en nouveau protecteurs de l’Arménie, heurts entre deux membres de l’OTSC (l’alliance militaire dominée par la Russie), le Tadjikistan et le Kirghizistan, non-alignement du Kazakhstan et des États d’Asie centrale sur la Russie, et même rumeurs d’incidents frontaliers entre les provinces russes, en fait coloniale, du Touva et de Bouriatie, et la Mongolie extérieure. Le sommet de Samarcande a reflété l’affaiblissement de Poutine par son déroulement général.

Cette situation de dislocation a poussé Poutine à une sorte de petit coup d’État apeuré, appuyant quatre référendums bidons en Ukraine, proclamant une mobilisation « partielle » qui vise à tester la population et l’État, et relançant la menace nucléaire contre le monde entier – tout en bombardant infrastructures électriques, barrages hydrauliques et centrales nucléaires en Ukraine !

La fuite en avant de Poutine est une fuite en avant contre la résistance ukrainienne et le risque d’effondrement de son propre régime. La victoire des aspirations des peuples, la voie de la révolution passe par la chute de Poutine.

Ce combat reçoit le soutien puissant, opportun et massif des femmes et des peuples d’Iran !

Poutine est la pointe avancée de la barbarie impérialiste et de la contre-révolution capitaliste à l’échelle mondiale. Sa défaite ne fera pas le jeu de Biden, Macron, Scholz, Trudeau ou Liz Truss. Ceux-là s’inquiètent du vide qu’ouvrirait la chute du régime impérialiste russe et de la république islamique d’Iran.

Bien entendu, un Macron cherche à arguer de la guerre et de la crise énergétique qui va avec (tout en ayant des causes plus anciennes) pour augmenter l’âge du départ en retraite, casser les services publics et transformer les lycées professionnels en centres d’apprentissage. Mais toute force politique qui prétend combattre cette politique en « combattant la guerre » et en cherchant de façon ouverte ou honteuse à désarmer les Ukrainiens, se place par là-même sur le terrain de la réaction et donc de la défaite sociale.

De puissantes grèves ont commencé en Grande-Bretagne, interrompues au moyen des obsèques de la « reine », mais les larges masses veulent les reprendre, et elles couvent en Italie, en France ou en Belgique. Tout ébranlement de Poutine renforcera leur mouvement dans toute l’Europe. La voie de la défense des services publics, école et hôpital, de la défense des conditions de vie du plus grand nombre, de l’affrontement avec les gouvernements capitalistes, passe par la défaite de Poutine et tout ce qui va en ce sens. Cela s’appelle l’unité de la lutte des classes, cela s’appelle l’internationalisme !

VP, le 21/09/22.