Cela se confirme, n’ayons pas peur de nous répéter : « Non, l’état du pouvoir exécutif de Macron en France n’est pas du tout, mais alors pas du tout, reluisant. » !

Au tableau d’un pouvoir à court d’initiative, nous devons ajouter celui des court-circuits, dérapages et transgressions dans l’appareil d’État jusque dans ses plus hauts secteurs. Jeudi 3 juin, les grévistes des EPHAD n’étaient pas les seuls : le corps diplomatique, pas moins, était en grève contre la réforme de la haute fonction publique de Macron, qui vise à remplacer les corps existants par des prébendiers recrutés par les officines du président, avec comme première étape l’interchangeabilité des préfets, diplomates et autres.

Mais cette crise, ce sont aussi les violences insupportables de forces dites de l’ordre dopées à 5 années de Macron/Darmanin/Lallement/Benalla, qui n’ont rien su faire d’autre que d’agresser des milliers de supporters venus de Liverpool, puis de charger des passagers en rade gare du Nord, sans oublier les morts lors de contrôles policiers …

Ainsi, se dessine dans le pays, parce qu’elle était déjà là, l’ombre du rejet des méthodes du macronisme, telles qu’elles frappent de la base (la « doctrine française du maintien de l’ordre ») au sommet.

Et donc, répétons-nous encore : la défaite est derrière nous, elle est dans le fait que le premier quinquennat Macron soit parvenu à son terme, mais ce qui est devant nous ne saurait être une défaite, car il est acquis que le scrutin de juin ne sera pas la suite plébiscitaire de la présidentielle donnant au Bonaparte « son » assemblée. Ce sera beaucoup plus compliqué.

La NUPES n’est pas la cause de cette situation, elle en est – son existence et ses possibilités – la conséquence. J.L. Mélenchon, s’adressant le 31 mai dernier au « parlement de l’union populaire » a, dans un discours fort habile, dégagé deux points clairs au milieu d’une fleuve d’or d’éloquence, et en a tu un troisième :

  • Le capitalisme ne nous plaît pas mais c’est lui et bien lui, avec sa « croissance », que nous devrons remettre en route, parce que pour faire face à l’urgence des fins de mois et de l’état des services publics, on ne peut pas faire autrement. Ah bon ? Au contraire les mesures de rupture sont indispensables aux besoins les plus immédiats ! Mais c’est bien l’inverse qu’il a expliqué.
  • En ce qui concerne les institutions, la NUPES majoritaire, dit-il, va faire « de la 6° République dans la 5° ». Ah bon ? Le mot-clef est « dans » : on sera donc « dans la V° République », celle de Macron, et on y restera, tel est le programme. La « VI° République » est d’ailleurs ramenée au « parlementarisme », qui plus est, au parlementarisme sous domination présidentielle !
  • Quant à ce qui est tu dans ce discours, c’est tout ce qui concerne la politique extérieure, l’armée, l’arme nucléaire, la guerre de Poutine contre l’Ukraine, l’Afrique : implicitement, c’est donc là le domaine réservé du président, la cohabitation voulue avec lui devant sans doute avoir là son domaine d’accord le plus évident. Pas plus que Macron ne veut « humilier » Poutine, Mélenchon ne conteste le « domaine réservé » …

Dans ce discours, deux hypothèses sont envisagées et un objectif véritable est donné. Les deux hypothèses sont celles d’une majorité parlementaire de la NUPES, ou non. Mais dans ce dernier cas, qui est en priorité celui dont J.L. Mélenchon parle dans son discours et sur lequel il revient ensuite, un monde nouveau commencera quand même selon lui : l’objectif véritablement donné est bien que la NUPES, sans avoir la majorité des sièges, et en acceptant par avance le mode de scrutin qui doit produire ce résultat alors qu’elle sera en tête en voix, forme le plus gros groupe parlementaire.

Dès lors, la ligne « de gouvernement » officiellement annoncée, sous l’approbation d’Olivier Faure, vaut en réalité aussi pour ce succès relatif sans majorité en sièges réellement escompté : contribuer à la croissance capitaliste « parce qu’il le faut bien » et faire « de la 6° république dans la 5° » en se soumettant à la V°, en lui mettant de l’huile « parlementaire » et « citoyenne » dans les rouages. Le « parlement de l’union populaire » devra, comme le souhaite ardemment J.L. Mélenchon, se maintenir, car c’est cela qu’il aura à tache de faire passer …

Force est de constater que Macron court -poussivement et sans la rhétorique ! – derrière les mêmes méthodes pour parvenir à mettre la retraite à 65 ans et à se ressaisir et faire se ressaisir le régime. Il annonce un « Conseil national de la refondation ». Le machin avait en fait été soufflé, sous cette appellation, par son ami Jean-Claude Mailly, fin 2021. Macron aussi prépare donc ses machins « parlementaires » et « sociétaux », voire un peu de « 6° dans la 5° », et ses manœuvres … parlementaires !

Bien entendu, des millions de gens voient dans les mots de J.L. Mélenchon tout autre chose : la promesse d’un affrontement avec Macron pour imposer les fins de mois tout de suite contre le capital et imposer la démocratie contre le régime en place. Si ces mots sont efficaces, c’est en raison de cette vision.

Notons toutefois que nombreux, sans doute plus nombreux encore, restent celles et ceux qui n’attendent pas grand-chose de tout cela. De toute façon, fondamentalement, les uns et les autres tendent à la même chose à laquelle ils seront poussés par leur situation matérielle : prendre eux-mêmes les choses en main, faire irruption sur le devant de la scène.

Voila ce qui fait trembler Macron et parler Mélenchon. Voila pourquoi nous combattons pour une NUPES majoritaire en voix et en sièges les 12 et 19 juin, voila pourquoi nous dénonçons, nous, le mode de scrutin fait pour empêcher cette majorité en voix de se traduire en sièges, et si nous menons ce combat, c’est parce qu’une telle possibilité porte en elle :

  • L’exigence de répondre à l’urgence des fins de mois, d’un revenu pour toutes et tous, de la sauvegarde de l’hôpital public et de l’école publique, non par la relance du capital mais par la rupture avec lui, découlant de la réponse aux vrais besoins, donc en s’attaquant sans attendre à la question climatique.
  • L’exigence de la démocratie à tous les niveaux, d’une assemblée constituante en finissant avec l’institution présidentielle et de la conquête du pouvoir par celles et ceux d’en bas.
  • L’exigence d’une politique étrangère démocratique sans aucune prérogative présidentielle ni domaine réservé, rompant avec les armes nucléaires, avec les colonies outre-mer, avec la Françafrique, soutenant ouvertement et armant les peuples en luttes pour leur libération comme le peuple ukrainien.

Pour cela, il faudra organiser le réseau des partisans de l’organisation des travailleurs par eux-mêmes, et non pas des « parlements » relais des institutions chargés de « faire passer » la politique d’en haut et « d’entraîner » les masses à la soutenir.

Pour cela, imposons le succès électoral le plus fort possible à la NUPES les 12 et 19 juin !