« Nous avons faim », criait notamment une foule rassemblée à La Havane face à des bureaux du Parti communiste cubain. Ce mot d’ordre doit attirer toute notre attention.

La direction révolutionnaire castriste a adopté les méthodes de gestion et de planification soviétiques,il y a soixante ans,en 1960. Ces méthodes n’ont pas permis de faire face à l’embargo américain impérialiste en vigueur depuis. Le triomphe des méthodes soviétiques à Cuba n’ont pas permis d’exporter des révolutions communistes en Amérique Latine. Aucune révolution castriste guevariste n’a vu le jour sur le continent sud-américain.

Excédés par la crise économique, exaspérés par les pénuries et épuisés par les files d’attente interminables devant des magasin vides, des milliers de Cubains ont commencé à manifester, dimanche 11 juillet, à travers le pays, aux cris de « Liberté », « A bas la dictature » et « Nous n’avons pas peur. »

Pain et liberté !

Sans surprise,le président Miguel Diaz-Canel appelle ses partisans à combattre « la mafia cubano-américaine qui est derrière ce soulèvement. » « L’ordre de combattre a été donné. » « Dans la rue, les révolutionnaires !»

Le ministère de l’Intérieur annonce qu’un manifestant était mort hier, en périphérie de La Havane. Plusieurs personnes ont été blessées. « Les conditions dans le pays sont totalement normales. » On signale des arrestations.

Devant les journalistes, je suis toujours le Monde du 13 juillet, le président Miguel Diaz-Canel accuse une nouvelle fois les autorités américaines d’être responsables de la crise. « Si vous voulez que le peuple aille mieux, levez d’abord l’embargo.» Étrange dialectique s’il en est. Le Parti communiste cubain est communiste depuis des temps immémoriaux, Cuba est socialiste voire communiste depuis soixante ans, et le problème du ravitaillement de la population cubaine en produits de première nécessité se joue toujours apparemment à la Maison Blanche. Et rien ne permet d’affirmer que l’impérialisme américain souhaite que le peuple cubain « aille mieux »demain.

Pour les importants de ce monde, les Cubains ont d’ors et déjà le choix entre la poursuite des pénuries soviétiques et post-soviétiques de soixante ans, et « le retour à la normalité », enfin, avec le retour de la mafia cubano-américaine, qui n’a rien oublié et rien appris durant son long séjour en Floride.

Nombreux sont les amis authentiques du peuple cubain dans ce pays. J’ai vu encore pas mal de portraits de Fidel et du Che à la dernière fête du Travailleur alpin, au pied du Vercors déjà post-communiste.Tous les espoirs sont permis.

Karel Kostal,

Grenoble, le 14-07-2021.

Karel Kostal est un vétéran du Printemps de Prague en 1968, réfugié en France après « l’intervention fraternelle » des troupes du Pacte de Varsovie.