Exactement comme les Irlandais au temps de la colonisation, ou les Indiens, ou les Ukrainiens envers la Russie, les Palestiniens constituent une nationalité opprimée par l’État israélien. Il ne saurait donc y avoir de renvois dos-à-dos en mode « S’il-vous-plait, assez de violences ! » entre nationalité opprimée et État oppresseur, ainsi qu’avec le groupe national en position dominante qui, comme toujours dans ces cas là, dans son immense majorité ne réalise pas qu’un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre.

Soutien total aux revendications nationales et démocratiques palestiniennes.

Mais la lutte de libération nationale ne peut pas gagner si elle prend la forme d’affrontement inter-communautaires ou inter-ethnique, et pour lui donner une telle forme, le Hamas d’un côté – qui n’est pas un mouvement de libération nationale, mais une organisation islamiste réactionnaire- et l’extrême-droite juive d’autre part, Netanyahou faisant jusque là son jeu, sont de fait complices.

Si la situation a pu à ce point se dégrader, c’est en raison du massacre contre-révolutionnaire du peuple syrien (et de bien des Palestiniens dans ses rangs), avant tout par le régime maffieux de Bachar, par l’impérialisme russe et par les milices islamistes chiites liées à l’Iran, ainsi qu’en raison de la dictature d’al-Sissi en Égypte.

Toute victoire démocratique dans les pays arabes pousserait au contraire dans le sens du renforcement du mouvement national palestinien en tant que mouvement démocratique et laïque, et de l’affaiblissement conjoint des courants racistes juifs et du Hamas.

Actuellement en France, les manifestations de solidarité doivent pouvoir se dérouler librement. Cependant, elles sont entachées d’un gros problème : comment se fait-il que nos « gauches », radicales ou non, incapables de lever le petit doigt contre le massacre du peuple syrien quand elles ne soutenaient pas activement les tortionnaires et les massacreurs, tout aussi inertes sur la Bélarus, le Myanmar ou, en ce moment même, envers la Colombie qui n’a pourtant pas un régime soi-disant « anti-impérialiste », ne se réveillent que pour réciter des cantiques contre un fétiche nommé « Israël », en répétant en boucle que « Israël » mange, pardon » tue, les enfants » aujourd’hui comme hier, sans rien capter d’ailleurs des spécificités de la situation présente ici et maintenant ?

Ces manifestations rituelles où la plupart des participants ne connaissent de la situation mondiale que « Israël » et « Gaza » ne sont pas un soutien efficace à la lutte pour l’émancipation nationale des Palestiniens, qui ont besoin, comme les Syriens et tous les autres, d’une solidarité internationaliste démocratique, dégagée de tous les fantasmes antisémites et de tout préjugé campiste, et donc reliée à la solidarité avec la lutte de toutes les nations arabes contre toutes leurs dictatures.

En France, Macron et son ministre Darmanin prennent le parti de soutenir la politique d’oppression du gouvernement israélien. Pourchassant squatteurs et zadistes d’ici, ils encouragent les colons racistes expropriateurs à Sheikh Jarrah. De l’interpellation scandaleuse et hypocrite du président de l’AFPS à sa sortie d’une entrevue (officielle !) avec un représentant du ministère des Affaires étrangères à l’interdiction des manifestations de soutien aux Palestiniens ce samedi, Macron fait la preuve de la nocivité de son maintien au pouvoir jusqu’en 2022.

Ainsi en politique étrangère, comme en politique intérieure, en centralisant les luttes sociales et démocratiques, en dégageant Macron, nous participerons au renforcement du mouvement international pour l’émancipation, contre l’oppression.

14-05-2021.